samedi 22 octobre 2016



SAINT THOMAS : CRITIQUE D'AVERROIS
-Article 2-
En partant de mon article du 03-05-2016, deux conclusions doivent retenir notre attention : la première c'est  que l’âme est la forme substantielle d’un corps naturel organisé, la deuxième c’est que l’intellect en est une partie intégrante. Et comme on le verra en suivant de près l’analyse, tout l’enjeu philosophique de la critique thomiste se fond sur ces conclusions.
En effet donc, puisque l’âme est une forme d’un corps naturel, elle l’est  également pour toutes ses facultés sans exception. Par conséquent, ce par quoi nous pensons, c'est-à-dire l’intellect possible, est lui-même une forme de ce corps.
Néanmoins, la notion d’intellect revêt un sens plus large qu’expose le livre 3 du traité « De l’Âme », à savoir les deux genres d’intellects : possible et agent. Le but de cette dernière distinction est d’écarter la menace que représentait la doctrine de ceux qui prétendaient que l’intellect agent est séparé, tandis que l’intellect possible fait partie de l’âme, et ceci  en soumettant, selon Saint Thomas,  certains textes d’Aristote à une lecture aberrante.
Cependant deux problèmes restent en suspens : l’intellect est- il séparable des autres parties de l’âme selon le lieu ou logiquement ? Quelle différence y a-t-il entre l’intellect et ces parties ?
Poser la question ainsi veut dire, pour Saint Thomas que l’intellect ne peut être séparé du corps selon l’être. Alors, la conclusion à laquelle il aboutit, c’est que l’intellect, aux yeux d’Aristote, n’est qu’une partie de l’âme, en tant que celle-ci est un acte d’un corps naturel. Ce raisonnement va se renforcer, lors de la comparaison faite par Aristote entre le « sentir » et le « penser ».  Par suite, en quoi l’intellect diffère- t-il du sens et en quoi lui ressemble-t-il ? Le sens pâtit chaque fois qu’il se trouve devant  l’objet senti, jusqu’au point où il peut être détruit  par l’excès du sensible. C’est le cas quand on sort brusquement d’un milieu où règne l’obscurité totale, vers un autre où il y a une lumière intense. En revanche, l’intellect ou le « penser », doit rester impassible pour éviter une telle destruction. Et c’est en ceci qu’il diffère du sens.
Toutefois l’intellect ressemble à celui-ci  dans la mesure où il est lui-même en puissance, et susceptible de devenir en acte. Il est comme le sens : avant que l’œil n’aperçoive la couleur, la vue est en puissance, et dès que l’objet coloré apparait, elle devient en acte. De même l’intellect ne sort de l’état de puissance à celui  de l’acte, que quand il reçoit les intelligibles. En outre le sens, selon Aristote, ne peut connaitre tout, l’œil, à titre d’exemple, ne reçoit qu’un type déterminé « d’objet sensible », les couleurs, et ainsi pour le reste des autres sens. Mais l’intellect connait tout, puisqu’ il est simple et sans mélange. Ce qui veut dire qu’il n’est pas mêlé au corps sinon il aurait une des qualités de ce dernier : être chaud ou froid par exemple, ce qui requiert un organe spécifique.
Kamal Elgotti le 11-05-2016 à Khénifra.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire