SAINT
THOMAS : CRITIQUE D'AVERROIS
-Article 2-
En partant de
mon article du 03-05-2016, deux conclusions doivent retenir notre
attention : la première c'est que l’âme est la forme substantielle d’un
corps naturel organisé, la deuxième c’est que l’intellect en est une partie
intégrante. Et comme on le verra en suivant de près l’analyse, tout l’enjeu
philosophique de la critique thomiste se fond sur ces conclusions.
En effet donc,
puisque l’âme est une forme d’un corps naturel, elle l’est également pour toutes ses facultés sans
exception. Par conséquent, ce par quoi nous pensons, c'est-à-dire l’intellect
possible, est lui-même une forme de ce corps.
Néanmoins, la
notion d’intellect revêt un sens plus large qu’expose le livre 3 du traité
« De l’Âme », à savoir les deux genres d’intellects : possible
et agent. Le but de cette dernière distinction est d’écarter la menace que
représentait la doctrine de ceux qui prétendaient que l’intellect agent est
séparé, tandis que l’intellect possible fait partie de l’âme, et ceci en soumettant, selon Saint Thomas, certains textes d’Aristote à une lecture
aberrante.
Cependant deux
problèmes restent en suspens : l’intellect est- il séparable des autres
parties de l’âme selon le lieu ou logiquement ? Quelle différence y a-t-il
entre l’intellect et ces parties ?
Poser la
question ainsi veut dire, pour Saint Thomas que l’intellect ne peut être séparé
du corps selon l’être. Alors, la conclusion à laquelle il aboutit, c’est que
l’intellect, aux yeux d’Aristote, n’est qu’une partie de l’âme, en tant que
celle-ci est un acte d’un corps naturel. Ce raisonnement va se renforcer, lors
de la comparaison faite par Aristote entre le « sentir » et le
« penser ». Par suite, en quoi
l’intellect diffère- t-il du sens et en quoi lui ressemble-t-il ? Le sens
pâtit chaque fois qu’il se trouve devant l’objet senti, jusqu’au point où il peut être
détruit par l’excès du sensible. C’est
le cas quand on sort brusquement d’un milieu où règne l’obscurité totale, vers
un autre où il y a une lumière intense. En revanche, l’intellect ou le
« penser », doit rester impassible pour éviter une telle destruction.
Et c’est en ceci qu’il diffère du sens.
Toutefois
l’intellect ressemble à celui-ci dans la
mesure où il est lui-même en puissance, et susceptible de devenir en acte. Il
est comme le sens : avant que l’œil n’aperçoive la couleur, la vue est en
puissance, et dès que l’objet coloré apparait, elle devient en acte. De même
l’intellect ne sort de l’état de puissance à celui de l’acte, que quand il reçoit les
intelligibles. En outre le sens, selon Aristote, ne peut connaitre tout, l’œil,
à titre d’exemple, ne reçoit qu’un type déterminé « d’objet
sensible », les couleurs, et ainsi pour le reste des autres sens. Mais
l’intellect connait tout, puisqu’ il est simple et sans mélange. Ce qui veut
dire qu’il n’est pas mêlé au corps sinon il aurait une des qualités de ce
dernier : être chaud ou froid par exemple, ce qui requiert un organe
spécifique.
Kamal
Elgotti le 11-05-2016 à Khénifra.
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