Face à une actualité inquiétante et qui ne cesse de
s’aggraver, je compte publier une série d’articles où j’essayerai de vous
présenter le livre de Saint Thomas d’Aquin qui s’intitule «Contre
Averroès ». Cette œuvre est au fond une longue discussion critique
adressée à Averroès au sujet de la nature de l’intellect. D’ailleurs, et comme
le titre l’indique, une telle œuvre est, à mon sens au moins, d’actualité pas
seulement par le contenu même des thèses analysées, malgré leur importance,
mais plutôt par leur destin.
Avec Saint Thomas donc, nous avons vu se dessiner une nouvelle
image de l’homme, et une autonomie qui ne cessera pas de gagner du terrain au
fur et à mesure du progrès que connaissait l’histoire occidentale. Cependant,
on va assister du côté de la tragédie d’Averroès à un déclin, qui s’est avéré
inévitable après que la raison s’était assiégée dans des limites dépourvues
d’horizon. Déclin, enfin, dont les retentissements ne cessent de se faire
sentir jusqu’à aujourd’hui. Ma conviction est qu’on ne peut accéder à
l’histoire que si nous arriverions à « retrouver le temps perdu », le
temps où la raison avait été détrônée, afin de renouer une autre fois les liens
avec nous-mêmes et avec autrui, car la rationalité et la modernité ne sont pas
une affaire propre à une civilisation ou à une nation ou à une religion. La
raison est universelle et ses manifestations sont multiples, c'est comme la
lumière du soleil, si vous me permettez d’user d’une métaphore
néoplatonicienne, qui éclaire maints objets, mais demeure un par essence. Dans
cette œuvre on est devant un « combat » mené sur un plan rationnel,
celui de la philosophie, non loin des préoccupations ontologique, épistémologique et
théologique du Moyen Age, et ce qui est extraordinaire est que les « armes
du combat » viennent d’une culture païenne, je veux dire aristotélicienne.
C’est ainsi que la raison s’est autonomisée de la tutelle du ciel, pour se
frayer le chemin direct, mais ardu, qui a inauguré et la science moderne et
l’homme moderne.
Quant à nous, nous devons avoir la foi dans l’optimisme de
la volonté pour vaincre le pessimisme de la raison. Et malgré les atrocités du
présent et les déchirures du passé, le future reste à faire, car l’homme est au
fond des possibilités, Avicenne l’avait bien vu, certes dans un autre contexte
métaphysico-théologique, mais des possibilités que seul l’homme pourrait faire
sortir de la « puissance » à « l’acte ».
KAMAL ELGOTTI : Le 30-04-2016
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