samedi 23 décembre 2017



« Le hasard et la nécessité » de Jacques Monod
Approche critique
-3-

7- Le problème de l’évolution

Au début du septième chapitre de son livre ‘’Le hasard et la nécessité’’ Monod écrit : « Les événements élémentaires initiaux qui ouvrent la voie de l’évolution à ces système intensément conservateurs que sont les êtres vivants sont microscopiques, fortuits et sans relation aucune avec les effets qui peuvent entraîner dans le fonctionnement téléonomique. (1)
En effet, nous sommes devant un devenir ouvert sur toutes les possibilités, ce qui veut dire que le ‘’destin’’ des êtres concernés n’est pas quelque chose qui serait déterminé d’avance. Il semble ainsi que Monod veut écarter toute conception qui saurait suggérer l’idée d’un ‘’plan’’ et d’une ‘’intention’’ qui auraient été conçus d’une manière à priori, et que l’évolution voudrait bien  réaliser. La thèse donc défendue par Monod est que la source des mutations, et par suite de l’évolution, n’est gouvernée par aucune finalité mais succombe à la seule loi du hasard. À partir de celle-ci, la nécessité aveugle de la sélection naturelle préserve  les mutations les plus importantes, et celles qui ont plus de chance d’être réalisées. Ainsi, c’est  la structure conservatrice des acides nucléotidiques qui reproduit une mutation analogue, de façon à ce que l’accumulation des séquences des mutations conduit somme toute à l’apparition d’une nouvelle espèce. Ces mutations se produisent rarement au niveau des protéines. Mais, puisque leur nombre (c’est-à-dire celui des mutations) est considérable, elles deviennent habituelles. Ainsi, la téléonomie apparaît comme étant le filtre de ces mutations. Leurs performances fonctionnelles sont choisies avant qu’elles soient reproduites. De fait, Monod considère que l’irréversibilité qui caractérise les processus évolutifs est liée au deuxième principe de la thermodynamique. C’est ce principe même qui révèle l’entropie diffuse dans la biosphère. Ainsi, écrit Monod : « L’évolution dans la biosphère est donc un processus nécessairement irréversible, qui définit une direction dans le temps, direction qui est la même que celle qu’impose la loi d’accroissement d’entropie, c’est-à-dire le deuxième principe de la thermodynamique. »(2)   
 Ainsi donc, c’est la conservation des mutations efficaces et importantes qui justifie, aux yeux de Monod,  la structure téléonomique qu’il attribue au vivant. Mais dès qu’elle surgit, le choix d’un aspect de la vie ou d’un autre pour faire face aux fluctuations du milieu, aura sur l’espèce des impacts à long terme ; car sa réussite effective sera conservée dans le génome, et ses modèles seront reproduits. Par conséquent, la sélection naturelle n’est pas due essentiellement à l’influence de l’environnement, mais plutôt à la structure téléonomique dans sa lutte contre certaines contraintes.
En outre, l’évolution spécifique de l’homme avait contribué au développement de son cerveau et par conséquent de sa capacité à communiquer symboliquement. Et comme Descartes, Monod considère le langage comme étant une propriété qui caractérise l’homme, sans pour autant nier que l’animal lui-même demeure capable de communiquer et de traiter de l’information. Néanmoins, seul l’homme avait été en mesure de créer un monde de signification, ce qui avait constitué un pas évolutif géant qui avait contribué, d’après Monod,  à la naissance de la culture ; ceci avait eu lieu en dépit même des analogies constatées entre les primates, qui détiennent des capacités symboliques embryonnaires, et nos ancêtres Hominides chez qui l’efficacité du « choix » de la communication symbolique avait favorisé le développement de leur cerveau, et ainsi préserver une telle praxis symbolique. Ainsi donc, Monod sera amené, en fin de compte, à adopter la thèse de Chomsky sur l’innéité du langage, considérant ce dernier comme étant un phénomène épigénétique. Partant, dit-il : « On sait que, selon Chomsky et son école, sous l’extrême diversité des langues humaines, l’analyse linguistique en profondeur révèle une ‘’forme’’ commune à toutes ces langues. Cette forme doit donc, d’après Chomsky, être considérée comme innée et caractéristique de l’espèce. Cette conception a scandalisé certains philosophes ou anthropologistes qui y voient un retour à la métaphysique cartésienne. A condition d’en accepter le contenu biologique implicite, cette conception ne me choque nullement. »(3)
En fin, on ne peut s’empêcher de constater la tendance cartésienne profonde qui sillonne l’approche de Monod, qui, en introduisant la dimension biologique pour soutenir la thèse de Chomsky, en conserve pourtant la dimension philosophique.

8- Les frontières actuelles de la biologie

Le problème de l’évolution selon Monod est ainsi  résolu. Ainsi, elle ne fait pas partie de ce qu’il appelle les ‘’frontières de la connaissance’’. Néanmoins d’autres frontières localisées à l’autre extrémité de l’évolution surgissent. Il s’agit de l’origine des premiers systèmes vivants d’une part, et le fonctionnement du système téléonomique le plus complexe de l’homme, à savoir le système nerveux central d’autre part. En effet, Monod considère que l’étape ‘’prébiotique’’ où s’est formée les nucléotides et les acides aminés, comme premiers ingrédient des êtres vivants, est relativement mieux connue. Mais, la deuxième étape qui a connu l’apparition des macromolécules capables de réplication, n’est pas tellement éclaircie. Toutefois, il est possible d’observer comment les composantes chimiques expérimentaux nous permettent de voir les caractères principaux du processus évolutif : réplication, mutation, sélection. Concernant le passage des macromolécules jusqu’à la cellule, estime Monod, la situation demeure obscure, car même les êtres unicellulaires ne sont pas moins primitifs que nous les humains, ils sont plutôt le résultat d’une évolution qui a durée des milliards d’années. De fait, dit Monod : « Le système vivant le plus simple que nous connaissions, la cellule bactérienne, petite machinerie d’une complexité comme d’une efficacité extrême, avait peut-être atteint son présent état de perfection il y a plus d’un milliard d’années. Le plan d’ensemble de la chimie de cette cellule est le même que celui de tous les autres êtres vivants. Elle emploie le même code génétique et la même mécanique de traduction que les cellules humaines, par exemple. »(4) 
L’apparition du système de duplication, qui constitue ce que les biologistes appellent le code génétique, était aussi sujet d’un long débat théorique. Ceci est dû à  sa présence universelle au sein de la biosphère. Cependant, le problème que posait l’apparition de la vie sur terre, comme étant un phénomène exceptionnel, était lié à l’impossibilité de calculer sa probabilité. En effet, s’agit-il d’un fait nécessaire ou bien d’un hasard possible ? Dans ce sens dit Monod : « L’énigme demeure, qui masque aussi la réponse à une question d’un profond intérêt. La vie est apparue sur la terre : quel était avant l’événement la probabilité qu’il en fût  ainsi ? L’hypothèse n’est pas exclue, au contraire, par la structure actuelle de la biosphère, que l’événement décisif ne se soit produit qu’une seule fois. Ce qui signifierait que sa probabilité a priori était quasi nulle. »(5)
L’autre frontière qui se dresse devant le biologiste est celle du fonctionnement du cerveau humain. Le problème posé est de savoir si ce dernier peut saisir ses propres opérations. Dans des termes logiques exprimés par Monod : « Le logicien pourrait avertir le biologiste que ses efforts pour ‘’comprendre’’ le fonctionnement entier du cerveau humain sont voués à l’échec puisque aucun système logique ne saurait décrire intégralement sa propre structure. »(6) Bien évidemment un tel système aurait besoin d’une « métalogique » afin qu’il puisse décrire sa propre logique, ce qui nous amènera à une investigation à l’infini. Toutefois, aux yeux de Monod, cette difficulté logique ne peut dissuader le biologiste, car l’analyse du système nerveux central de l’animal peut dans certaine mesure suffire. Je dis dans une certaine mesure puisque comme dit Monod : « L’expérience consciente d’un animal nous est impénétrable et sans doute le sera-t-elle toujours. »(7)  De fait, malgré les résultats des recherches menées par la neurobiologie, et qui concernent surtout les relations entre performances cognitives et mécanismes biologiques, le problème de la ‘’conscience’’ animale demeure difficile à traiter. Néanmoins, Monod croit que les’’ expériences subjectives’’ sont spécifique aux ‘’vertébrés supérieurs’’, car ils sont seuls  capables d’effectuer des opérations abstraites, et d’accomplir des fonctions ‘’projectives’’. C’est ce qu’avaient dévoilées des recherches* effectuées sur ces vertébrés, et qui ne laisse, selon Monod, aucun doute quant à la relation qu’il y a entre des mécanismes biologiques innés et des performances cognitives hautement élaborées. Ceci dit, Monod ne cache pas son innéisme contre l’empirisme qui tend à réduire ces performances à une simple acquisition par l’expérience. Ainsi, dit-il : « Ces découvertes modernes donnent donc raison, en un sens nouveau, à Descartes et Kant, contre l’empirisme radical qui cependant n’a guère cessé de régner dans la science depuis deux cents ans, jetant la suspicion sur toute hypothèse supposant ‘’l’innéité’’ des cadres de la connaissance. De nos jours encore certains éthologistes paraissent attacher à l’idée que les éléments du comportement, chez l’animal, sont ou bien innés ou bien appris, chacun de ces deux modes excluant absolument l’autre. Cette conception est entièrement erronée comme Lorenz l’a vigoureusement démontré. Lorsque le comportement implique des éléments acquis par l’expérience, ils le sont selon un programme qui, lui, est inné, c’est-à-dire génétiquement déterminé. La structure du programme appelle et guide l’apprentissage qui s’inscrira donc dans une certaine ‘’forme’ préétablie, définie dans le patrimoine génétique de l’espèce. C’est sans doute ainsi qu’il faut interpréter le processus d’apprentissage primaire du langage chez l’enfant. Il n’y a aucune raison de supposer qu’il n’en soit pas de même pour les catégories fondamentales de la connaissance chez l’Homme, et peut-être aussi pour bien d’autres éléments du comportement humain, moins fondamentaux, mais de grande signification pour l’individu et la société. »(7)  Ainsi, à travers les principes de l’évolution tels qu’ils ont été déterminés auparavant, l’individu demeure soumis à l’expérience de ces ancêtres. Cette expérience constitue l’ADN dont il reçoit, génétiquement,  la majeure partie de ses compétences. En effet, constate Monod, si nous refusons ce qui est inné c’est à cause, selon lui, du langage qui nous différencie des autres animaux par les possibilités créatrices qu’il nous procure. En outre, la logique comme la simulation prédicative sont des compétences acquises qui ont évolués grâce à la machinerie de la sélection. Néanmoins, Monod estime que l’impossibilité de retrouver la corrélation qu’il y a entre l’expérience subjective et les données objectives va contribuer à faire perdurer l’illusion du dualisme cartésien entre un cerveau matériel et une âme immatérielle. De fait, dit-il : « Si nous pouvons deviner l’existence de ce merveilleux instrument (c’est-à-dire la simulation), si nous savons traduire, par le langage, le résultat de ses opérations, nous n’avons aucune idée de son fonctionnement, de sa structure. L’expérimentation physiologique est, à cet égard, presque impuissante encore. L’introspection, avec tous ses dangers, nous en dit malgré tout un peu plus. Reste l’analyse du langage qui cependant ne révèle le processus de simulation qu’au travers de transformations inconnues et n’explicite sans doute pas toutes ses opérations.
Voilà la frontière, presque aussi infranchissable encore pour nous qu’elle l’était pour Descartes. Tant qu’elle n’est pas franchie, le dualisme conserve en somme sa vérité opérationnelle. La notion de cerveau et celle d’esprit ne se confondent pas plus pour nous dans le vécu actuel que pour les hommes du XVII siècle. L’analyse objective nous oblige à voir une illusion dans le dualisme apparent de l’être. »(8) Certes, selon Monod, c’est une illusion, néanmoins elle demeure une illusion indépassable soit avec l’appropriation directe de la subjectivité, soit à travers une aptitude à savoir vivre émotionnellement ou éthiquement sans lui.
9-Le règne des idées et l’éthique de la connaissance.
L’apparition du langage et de la compétence communicationnelle ont dû contribuer à l’émergence d’un nouvel règne, celui des  idées. Depuis, l’homme de même que son évolution corporelle sont devenus : « Associée à celle du langage, subissant profondément son influence qui bouleversait les conditions de la sélection. »(9) Ainsi, l’évolution tellement rapide, comme en témoigne les fossiles  crâniens, est le résultat de la pression exercée par la sélection. Une évolution qui a eu pour conséquence le développement de la simulation, et par suite du langage qui en dévoile mieux les opérations.
Cependant, cette sélection naturelle qui est derrière le développement du cerveau de nos ancêtres ‘’hominides’’, a dû elle-même, selon Monod, voir réduire son impact sur leur évolution. Néanmoins, cette sélection avait pris une autre direction depuis que l’homme a réussi à dominer son monde environnant. Dès lors, un seul ennemi demeurait à côté de lui, et qui n’est que l’homme lui-même. Ainsi, les guerres, aux yeux de Monod, sont devenues l’un des facteurs principaux de la sélection chez l’espèce humaine. Progressivement, une rupture s’est opérée entre l’évolution culturelle et l’évolution du ‘’génome’’, car même si quelques compétences naturelles contribuent toujours à la réussite de certains individu de la société, la sélection, elle, ne joue pas son rôle  puisque de telles compétences ne participent pas à la reproduction.
De telles idées révèlent chez Monod une certaine conception ‘’eugéniste’’, surtout quand il évoque les maladies génétiques et leur aspect héréditaire. Et surtout aussi lorsqu’il parle d’une détérioration à laquelle sont exposées les sociétés modernes. Il s’agit, selon son avis, d’une dégradation génétique due à un ‘’disfonctionnement du processus sélectif ‘’qui en perdant son caractère naturel, au sens darwinien du terme, ne contribue aucunement à la conservation des êtres les plus aptes.   
Monod parle en outre d’une certaine ‘’maladie de l’âme’’ résultante d’une évolution idéelle. De fait, le progrès qu’avait connu la connaissance humaine durant les trois derniers siècles avait obligé, certes avec déchirure, l’homme à revoir la conception héritée depuis des milliers d’années. Conception qu’il avait sur lui-même, et sur sa place dans l’univers. Une telle maladie, je dirai malaise, est due au fait que la nature est objective, et que la connaissance ne peut émaner que d’une seule et unique source : celle qui confronte systématiquement la logique avec l’expérience.
Plus curieuse encore l’idée de Monod selon laquelle la sélection ne concerne pas seulement la biosphère où nous vivons, mais aussi : « Les idées ont conservé certaines des propriétés des organismes. Comme eux elles tendent à perpétuer leur structure et à la multiplier, comme eux elles peuvent fusionner, recombiner, ségréger leur contenu, comme eux enfin elles évoluent et dans cette évolution la sélection, sans aucun doute, joue un grand rôle. »(10) La sélection au niveau des idées vient s’ajouter donc à la sélection naturelle. Grâce à elle, les idées qui procurent un sens à l’être de l’homme peuvent être conservées, et ainsi contribuent-elles à le délivrer de l’angoisse qu’il ressent face à l’absurdité du monde. C’est le rôle joué jadis par les idées religieuses et philosophiques, mais aussi scientifiques, de fait dit-il : « Nous sommes les descendants de ces hommes (nos ancêtres). C’est d’eux sans doute que nous avons hérité l’exigence d’une explication, l’angoisse qui nous contraint à chercher le sens de l’existence. Angoisse créatrice de tous les mythes, de toutes les religions, de toutes les philosophies et de la science elle-même. »(11)   Dans ce besoin qu’a l’homme de donner une explication totale, y compris celle qu’offre les grandes idéologies comme le marxisme,  pour se délivrer de son angoisse, et pour donner une signification à son être-dans-le-monde, Monod voit un indice d’une certaine prédominance de la tradition animiste. C’est ce qui explique pour lui l’apparition tardive du règne des idées, c’est-à-dire la connaissance objective comme la seule source d’où   jaillit la vérité. Néanmoins, cette connaissance ne peut apaiser une angoisse innée que nous continuons à ressentir au fond de nous-mêmes, au contraire elle la fortifie. Ceci parce qu’elle n’a pas pu conquérir tout aussi la raison que le cœur des hommes. Par conséquent, dit Monod : « En trois siècles la science, fondée par le postulat d’objectivité, a conquis sa place dans la société : dans la pratique, mais pas dans les âmes. »(12)
Les sociétés modernes se sont bien réjouies des bienfaits et du pouvoir que leur avait procuré la science moderne. Mais elles n’ont pas accepté de remettre en cause les principes sur lesquels se fond l’éthique, et ceci en opérant une rupture avec la tradition animiste. Il faut donc, exige Monod, rompre les liens avec ‘’l’ancienne alliance’’, et reconstruire une autre nouvelle. Cet attachement à ‘’l’ancienne’’ explique bel et bien, à ses yeux, l’opposition acharné que rencontre la science, car cette dernière nous apprend que l’homme n’est pas une finalité ou un être qui saurait avoir une position distinguée du reste du monde. Elle nous apprend aussi que nulle chose au monde ne pourrait l’obliger à se soumettre à des législations immanentes. C’est sa responsabilité à lui de déterminer l’éthique et les lois. En outre, la relation qu’il y a entre la morale et la connaissance nous interdit de les traiter comme si elles étaient des domaines séparés l’un de l’autre. Toutefois, il faut, selon Monod, les maintenir distingués afin de ne pas retomber dans l’animisme. Car dans un système animiste le mélange de l’éthique et de la connaissance ne pose aucun problème, puisqu’il n’opère pas de distinction radicale entre ces deux catégories, qui, pour lui, reflètent la même réalité. Mais, dans un domaine où règne le postulat de l’objectivité comme condition nécessaire de la vérité, la distinction radicale entre l’éthique et la science devient fondamentale. Dans ce contexte, dit Monod : « Le postulat d’objectivité, en dénonçant ‘’l’ancienne alliance’’, interdit du même coup toute confusion entre jugements de connaissance et jugements de valeur. »(12) Ces jugements demeurent néanmoins reliés aux niveaux de l’action et du discours. Ainsi, l’interdiction d’un quelconque mélange entre le champ scientifique et celui éthique, qui fond la connaissance objective, n’est pas en elle-même objective car elle est une simple règle éthique. Par conséquent, la connaissance vraie méconnaît les valeurs, mais sa fondation nécessite un jugement moral. Ce qui veut dire que le postulat d’objectivité, comme condition de la véritable connaissance est en effet un choix : « Ethique et non un jugement de connaissance… »(13) Accepter ce postulat c’est mettre en valeur une nouvelle éthique : celle de la connaissance, qui diffère de toute autre morale, philosophique ou religieuse, car elle est fondée sur un choix libre. Elle ne reconnaît par de lois immanentes. Et en tant qu’éthique humaine elle est en mesure d’atteindre les vertus les plus sublimes, à condition, selon Monod, de se soumettre à l’idéal de la connaissance objective. De fait, faire de la vérité la valeur la plus élevée qui soit pour la société est le seul remède pour corriger les maux qui accablent notre monde. De ces considérations, Monod en conclut : « C’est peut-être une utopie. Mais ce n’est pas un rêve incohérent. C’est une idée qui s’impose par la seule force de sa cohérence logique. C’est la conclusion à quoi mène nécessairement la recherche de l’authenticité. L’ancienne alliance est rompue ; l’homme sait enfin qu’il est seul dans l’immensité indifférente de l’Univers d’où a émergé par hasard. Non plus que son destin, son devoir n’est écrit nulle part. A lui de choisir entre le Royaume et les ténèbres. »(14)   



KAMAL ELGOTTI : KHENIFRA LE 20-12-2017     


           
1-Monod Jacques : Le hasard et la nécessité, Éditions du seuil, 1970, p. 155
 
2-Ibid. p. 160
3-Ibid. p. 173
4-Ibid. p. 181
5-Ibid. p. 183
6-Ibid. P. 185
7-Ibid. pp.192-193
8-Ibid. PP. 198-199
9-Ibid. P. 203
10-Ibid. P. 208
11-Ibid. P. 210
12-Ibid. P. 219
13-Ibid. P. 220
14-Ibid. PP.224-225


*Pour avoir une idée sur ces recherches veuillez consulter les pages 190-191 du livre de Monod.