SAINT THOMAS D’AQUIN : CRITIQUE D’AVERROES

-ARTICLE 1-

Parmi les ouvres de maturité de Saint Thomas on compte celui appelé « Contre Averroès ». Son objet s’inscrit dans la droite ligne du débat qu’avait connu tout le Moyen Age, suite aux divers commentaires qu’a soulevés le traité « De l’Ame » d’Aristote. En effet, les questions soulevées par Saint Thomas sont les suivantes : l’intellect est-il un pour tous les hommes ? Est-il séparé ou une partie de l’âme ?  Eternel ou mortel ? Voilà semble-il le noyau de la polémique.

« Une erreur sur l’intellect », disait Saint Thomas, erreur dû à certaines thèses d’Averroès, et surtout celle où il affirme que l’intellect est une substance séparée, et sans aucune relation avec le corps. En effet, la critique pourrait être menée en partant de dogmes théologiques, car dire que l’intellect et un et séparé, c’est nier, en même temps, la possibilité qu’il ait pour chaque individu un intellect propre, et nier aussi l’éternité des âmes et leur destinée surnaturelle ; chose, bien évidemment, contraire aux enseignements de la foi chrétienne.

Cependant, une telle critique, bien qu’elle soit de grand intérêt, doit être menée sur des bases plutôt philosophiques. Ainsi, tout l’effort de Saint Thomas va y contribuer en relisant et réinterprétant les textes où le « Stagirite » élucide plus ou moins sa propre position sur la question de l’âme et de l’intellect.

Dans son analyse critique, qui reste ingénieuse d’un point de vue interprétatif, Saint Thomas conclut que l’âme est la forme substantielle d’un corps naturelle organisé. Thèse à partir de la quelle il visait principalement les propos de certains péripatéticiens qui ont voulu faire de la partie intellective, à savoir l’intellect et la volonté, une partie séparée. Conception que lui-même refusait avec ardeur.

En outre, comme l’intellect est une faculté de l’âme, il ne peut avoir une réalité indépendante d’elle ; il en est une partie intégrante, de sorte que l’âme est le principe de tous les effets émanant de ses diverses facultés : qu’elles soient végétative, sensitive ou intellective.

KAMAL ELGOTTI : 03-05-2016