Les fondements de la connaissance
humaine
Chez Condillac
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II- Critique de la théorie des
idées innées
L’homme possède-il des
idées innées ?
La réponse des Cartésiens et des Malebranchistes a été
affirmative en partant d’une hypothèse
métaphysique, qui considère que Dieu nous a doté d’innombrables idées qui ne
peuvent être extraites de l’expérience sensible, comme l’idée du corps, de
l’étendue et des idées liées aux principes des mathématiques…
En revanche, et partant d’une autre conception métaphysique,
Condillac, lui, postule que le fondement de toutes nos connaissances n’est que les perceptions sensibles venant des
sens sous l’effet du monde extérieur. C’est grâce à elles que s’ouvre devant
nous le paysage de l’univers, et se donne comme objet d’une connaissance réelle
ou possible. Et même si elles se trompent quelquefois, il reste pourtant vrai
qu’elles nous offrent une certaine vérité sur les propriétés des choses. Bien
plus, « Rien, dit Condillac, n’est plus clair et plus distinct que notre
perception, quand nous éprouvons quelques sensations. »(1). Ainsi, par
exemple, nous ne pouvons pas confondre
le son avec la couleur, chose qui atteste bien ce qui vient d’être énoncé par
Condillac. En outre, nous retrouvons dans cette citation les deux règles
cartésiennes requises pour garantir la véracité de toute connaissance, à
savoir : la clarté et la distinction. Deux caractéristiques qu’il attribue non aux idées, comme c’est le
cas chez Descartes, mais plutôt aux
sensations. Par conséquent, nous assistons avec Condillac à un renversement
touchant le statut de la connaissance humaine : de la certitude de la
raison à la certitude de la perception.
Toutes nos idées, donc, quelles soient de l’étendue ou de la
figure ou du mouvement, trouvent dans la sensation la garantie de leur clarté et
de leur distinction. En plus, elles ne sont pas des idées qu’on puisse
attribuer à notre raison ou pensée, nous constatons plutôt qu’elles émanent,
clairement et distinctement, du dehors.
Par suite, il faut, selon Condillac, distinguer dans nos
sensations entre : « 1- La perception que nous éprouvons. 2- Le
rapport que nous en faisons à quelque chose hors de nous. 3- Le jugement que ce
que nous rapportons aux choses leur appartient en effet. » (2)
Pour bien saisir la portée de ce qui vient d’être énoncé
posons la question suivante : que dire des autres qualités que nous
conférons d’ordinaire aux objets du monde extérieur, comme les couleurs et les
odeurs ? Sont-elles des qualités objectives que les choses possèdent en
elles-mêmes, comme c’est le cas pour l’étendue, ou sont-elles, plutôt, des
impressions subjectives que nous
ressentons ?
Deux raisons semblent
justifier qu’on les leur attribue : d’une part nous croyons que quelque chose
fait qu’une qualité soit donnée, par exemple une cause fait que cette boîte
soit rouge, et d’autre part nous croyons que
cette cause nous est inconnue. Or, estime Condillac, c’est parce que
nous comparons ces qualités à l’idée de l’étendue que nous sommes induits à
croire qu’elles sont une partie intégrante des choses extérieures. Et c’est la
raison pour laquelle les Cartésiens ont
toujours qualifié nos sensations et les idées liées aux qualités susmentionnées
d’ « obscures » et de « confuses ».
Contrairement à
l’opinion cartésienne, Condillac affirme que nos sensations sont claires et
distinctes de sorte que « Chacune est si simple que tout ce qui aurait
avec elles quelque rapport d’égalité, leur serait égale en tout. »(3). En
outre, c’est notre manière d’exprimer nos jugements qui nous amène à croire que
ces derniers sont obscurs, eux, et les
idées qui les composent. En effet, dit Condillac : « La neige est
blanche, si l’on entend par blancheur la cause physique de notre perception,
elle ne l’est pas, si l’on entend par blancheur quelque chose de semblable à la
perception même. Ces jugements ne sont donc pas obscurs ; mais ils sont
vrais ou faux, selon le sens dans lequel on prend les termes. »(4)
Ainsi, toutes les sensations et les idées associées aux diverses qualités (couleurs, odeurs…),
viennent, donc, de l’impacte des objets
qui composent le monde extérieure, mais les impressions que nous éprouvons
diffèrent des causes physiques qui sont attachées à de tels objets. Et si
erreur il y a, il faut chercher du côté des jugements que nous énonçons, et un
jugement n’est ni confus ni obscure, il est soit vrai soit faux.
Enfin, il nous faut signaler que l’esprit du positivisme
logique et du positivisme en général n’est pas étranger à la conception léguée
par Condillac, puisque celle-ci a joué
un rôle foncière dans l’instauration
des fondements théoriques de ce courant
philosophique. A mon avis, deux choses, au moins, l’attestent : la réduction de
l’origine des idées aux sensations, et l’analyse du langage et son importance
dans la philosophie de Condillac.
A’SUIVRE….
Tarik kamal : le 15-09-2016
Khénifra.
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